CHAPITRE VII

Bien avant que Jdrien ne l’avertisse, le Président Kid avait eu quelques soupçons fondés sur les rapports qui lui parvenaient de plusieurs zones de la Compagnie. D’abord on lui signala qu’une nouvelle fois on assistait à une migration des Roux. L’événement n’était pas en soi surprenant, les Hommes du Froid obéissant parfois à des pulsions profondes qui les lançaient sur la banquise pour des milliers de kilomètres de marche continue. Au bout du compte on finissait par connaître les motifs de ces ruées. Cette fois il en allait différemment car les tribus se dirigeaient toutes vers l’Antarctique. C’était surprenant, dans la mesure où les colons de cette Province panaméricaine n’avaient jamais éprouvé de grande sympathie pour ces hommes primitifs, les chassant sans vergogne, les persécutant même jusqu’à ce qu’ils s’en aillent ailleurs. Sur l’inlandsis antarctique, comment pourraient vivre ces gens-là ? À moins de s’installer à la limite de la banquise pour pêcher et chasser ils ne pourraient trouver à l’intérieur de quoi se nourrir.

Mais la migration des Roux révélait un bouleversement imminent. Quelques mois auparavant, alors que la rumeur d’une rupture ou d’un enfoncement de la banquise du Pacifique allait s’amplifiant et se gonflant au point de provoquer le plus dramatique exode de la Compagnie, les tribus avaient gardé leur sang-froid et on n’avait signalé aucun mouvement important chez elles. Cela, bien sûr, on l’avait appris plus tard, quand la psychose des Banquisiens s’était enfin calmée et que les réfugiés commençaient de revenir chez eux.

— C’est étrange, disait Fields le secrétaire particulier du Président, mais les Roux ont abandonné des trous à phoques d’une richesse incroyable, des rookeries de manchots superbes. Les voilà tous en route vers l’Antarctique. Certains aventuriers se frottent les mains, espérant s’emparer de ces lieux de chasse et faire fortune. Faut-il faire intervenir la police ferroviaire ?

— Si les Roux ne doivent pas revenir, autant que ces trous à phoques et ces colonies de manchots soient exploités. Mais il faudra surveiller la construction des lignes privées qui relieront ces endroits aux réseaux. Je vous en charge.

Il n’y avait pas que les Roux qui inquiétaient le Kid avec leur migration. On signalait aussi le départ de nombreux colons installés sur le Viaduc depuis des années, sur des branches latérales de l’ouvrage, réputées pour leur solidité. Certes, le Kid avait dû abandonner, après ce fol exode de la population, la poursuite de la construction du Viaduc, faute d’énergie disponible. Toute l’électricité produite par les centrales du volcan Titan se voyait utilisée pour remettre en état la Compagnie, restaurer les stations, les nombreuses serres d’élevage et de cultures.

— Les colons s’en vont, constata-t-il un soir en lisant les rapports de la Traction qui avait enregistré des centaines de déménagements en une semaine. Où vont-ils ?

— On n’en sait rien, mais ils passent tous la frontière ouest. Il n’y a pas d’affolement comme l’autre fois mais une volonté bien affirmée de s’en aller ailleurs.

— Qui étudie ce phénomène ?

— Mary Halan, répondit Fields un peu agacé que la jeune femme reprenne une certaine importance aux yeux de son patron. Elle aurait interrogé quelques dizaines de familles sans obtenir des réponses bien explicites.

— Convoquez-la.

— Elle s’est installée au centre de triage du réseau venant du Viaduc et cela demandera une bonne heure avant qu’elle ne soit ici.

— J’attendrai, lança le Kid, agacé.

Il n’avait pas revu Mary depuis des semaines, s’efforçant de chasser de son esprit l’image de la jeune femme, mais il lui arrivait de rêver d’elle la nuit dans une grande fièvre érotique.

Elle entra, vêtue d’une combinaison quelconque, tachée d’huile et le visage fatigué. Mais elle restait belle, désirable, et il détourna son regard.

— Vous avez interrogé ces colons qui déménagent ?

— Je ne fais que ça depuis quelques jours. Depuis que la Traction a publié ce rapport. Il s’agit principalement de colons qui, l’autre fois, n’ont pas bougé de chez eux, ne se sont pas laissé gagner par la folie collective. Certains sont même depuis longtemps sur le Viaduc, enfin sur les premières branches latérales. Bon nombre m’ont parlé de ce glaciologue Lien Rag qui mit au point la technique des arches réfrigérées.

— Pourquoi déménagent-ils ?

— Ils sont fatigués…

— Fatigués ?

— C’est la majorité des réponses. Ils sont fatigués et beaucoup se plaignent de troubles physiologiques.

— Ils somatisent ?

— Difficile à comprendre. J’avais demandé à plusieurs spécialistes en médecine de collaborer avec moi. Ils n’ont pas pu dire si les maux étaient réels ou d’origine psychologique. Mais dans tout cela il y a une constante. La plupart ont des problèmes ophtalmologiques très nets, cataracte, décollement de rétine, difficulté à supporter le reflet d’une lampe par exemple. Et ceux-là disent que la glace devient éblouissante.

— Éblouissante…, fit le Kid, stupéfait. Mais où sont-ils allés chercher que la glace devenait éblouissante ?

— Je l’ignore. Vous savez, ce sont des gens, hommes et femmes, habitués depuis toujours à vivre sur la banquise. La plupart étaient dans la Concession bien avant que vous ne créiez la Compagnie. Ils ne se gavent pas de tranquillisants comme ceux qui se sont installés depuis peu, ne se droguent pas, ne boivent pas plus que la moyenne des gens… Mais ils en ont assez.

— Mais où vont-ils ?

— La plupart espèrent s’installer en Africania.

— Est-ce que cette Compagnie a lancé une vaste campagne de propagande pour attirer des colons ?

— J’y ai également pensé et je puis vous assurer que non. J’ai rencontré le délégué africanien de Titanpolis, et il m’a affirmé que sa Compagnie n’avait engagé aucune entreprise de recrutement. Bien sûr ils sont prêts à accueillir des gens apportant des capitaux, leur savoir-faire et une volonté de réussir, mais sans plus. Lui-même était surpris des demandes de visas de longue durée qui attendent sur son bureau…

— Ces problèmes d’yeux sont réels ?

— Tout à fait. J’ai les rapports médicaux. Pas nominatifs, bien sûr, puisque le secret médical l’exige, mais des rapports d’ensemble après examen de trente-quatre individus des deux sexes.

— Qu’en concluez-vous ?

— Eh bien, jusqu’à hier j’étais dans le flou absolu, mais depuis j’ai comme une petite idée.

— Laquelle ?

— Elle n’est pas très objective… En fait elle m’est venue dans la nuit, et vous savez comme moi que l’imagination peut délirer quand on est couché et que l’on ne dort pas.

Il faillit lui répondre que chez lui l’imagination persistait dans son sommeil et qu’elle y était compromise pour une grande part.

— Alors, votre petite idée ?

— Ils sont traumatisés par l’arrêt des travaux sur le Viaduc. Toute leur vie ils ont attendu que l’ouvrage se termine et aille s’ancrer de l’autre côté de la banquise du Pacifique, sur l’inlandsis du continent sud-américain. Ils avaient besoin que le Viaduc ait un commencement et une fin, qu’il forme un tout. Brusquement tout s’arrête et le Viaduc n’est plus que l’ébauche d’un rêve, une future ruine.

— Hé ! ne dites pas de pareilles choses. Vous attentez au moral de la Compagnie, ce faisant.

— Voyageur président, vous savez bien que déjà les dernières arches à des milliers de kilomètres d’ici se fissurent, s’écroulent. Le Viaduc est comme rongé par un mal interne. Ce mal est facile à diagnostiquer, c’est le manque d’entretien, l’arrêt de la réfrigération pour quelques centaines de kilomètres. En quelques années l’ouvrage aura fortement diminué et les colons le savent. Ils se sont installés sur une réalisation magnifique, pleine de promesses, et voilà que cet ouvrage fantastique risque de devenir la plus célèbre ruine du monde.

— Allons donc, nous avons promis que le courant serait rétabli dès que la situation le permettrait, que les travaux reprendraient… Qu’on nous laisse deux, trois ans.

Mary Halan le regarda tranquillement, sans insolence mais aussi sans indulgence :

— Vous n’y croyez pas vous-même. Pour poursuivre le Viaduc il vous faudrait deux volcans du type Titan, avec leurs centrales ne produisant de l’électricité que pour la maintenance. Même pas pour les travaux futurs, juste pour éviter que le Viaduc ne soit détruit par les courants maritimes inattendus, les éruptions sous-marines de volcans, les tempêtes de glace, les icebergs terrestres et marins qui accourent du sud lorsque le vent souffle à quatre cents kilomètres à l’heure.

Le Président la fixait, fasciné, à la fois haineux, admiratif et la gorge nouée par une émotion enfantine, celle d’un gosse qui a perdu son plus beau jouet.

— Taisez-vous, dit-il. Je suis sûr que les colons croient encore au Viaduc. Vous vous trompez.

— Peut-être, je le souhaite. Ce n’était qu’une petite idée née au cours d’une nuit blanche… Vous avez encore besoin de moi ?

— Non. Désormais vous allez poursuivre votre enquête avec cette idée préconçue d’un traumatisme dû au Viaduc inachevé ?

— Je suis assez forte pour rester objective, répliqua-t-elle.

Dans la même journée, après avoir éludé la demande, il reçut le professeur Klose de l’institut banquisien de la météorologie. Le vieux savant attendait depuis des heures dans l’antichambre mais n’en paraissait ni irrité ni amer. Au contraire il conservait son enthousiasme et son éloquence toujours abondante. Le Kid le craignait un peu et l’évitait dans les réceptions officielles.

— Voyageur président, nous allons vers une modification absolue de notre climat. Voici plusieurs jours que j’effectue des observations, des calculs, et je suis surpris par la rapidité des phénomènes qui se développent en certains points… Je me suis même rendu dans des endroits très isolés pour relever les enregistrements de température et je suis totalement bouleversé. Nous avons gagné brusquement deux degrés en l’espace de quarante-huit heures, cinq sur une semaine. Si les nuits restent toujours à peu près égales à ce que nous connaissons, les jours, eux, sont plus chauds. Je sais bien que dans l’hémisphère Nord, c’est-à-dire à cinq mille kilomètres d’ici, c’est l’été… Enfin, ce que l’on appelait l’été et qu’ici à Titanpolis, nous sommes dans l’hémisphère Sud et en hiver, mais le fait est là. Cinq degrés en huit jours et ça continue. Je suis certain que nous allons vers une progression quasi arithmétique, encore que je ne puisse en déterminer avec précision ce que nous appelons la raison et qui est une quantité constante. Elle devrait être d’un degré à un degré virgule quatre par jour. C’est-à-dire qu’en moins de soixante jours, deux mois, nous devrions atteindre le zéro celsius et puis… Je vous laisse imaginer la suite.

— La cause de ce bouleversement ? Vous en connaissez la cause ?

— Voyageur président toute mon équipe est en train de chercher sans désemparer… Je suis votre fidèle serviteur, voyageur président. Je solliciterai une autre entrevue demain.

Mais le lendemain matin Jdrien appelait son père adoptif et lui faisait part du message de Liensun.

— Ces maudits Rénovateurs des Échafaudages, rugit le Kid à la radio je savais bien qu’il fallait les exterminer !

— Ils n’y sont pour rien et c’est même le professeur Charlster qui a donné l’alarme. D’après lui un satellite géant régularisait l’opacité du ciel. Ce satellite vient de tomber en panne et une lucarne se forme juste au-dessus de la banquise et menace d’inonder de lumière et de chaleur vingt millions de kilomètres carrés.

Le Président Kid avait assisté à la création d’un Institut des Satellites voici quelques années, et il se demanda avec colère comment ses membres avaient pu négliger cet énorme engin qui se baladait au-dessus de leurs têtes pour ne se consacrer qu’à une nomenclature sans intérêt à partir de documents anciens. Aucune observation, aucune tentative de repérage par radar ou autres méthodes n’avaient donc eu lieu. Ils avaient dépensé de grosses sommes en calories uniquement pour recopier des ouvrages vieux de plusieurs siècles.

— C’est un accident, dit encore Jdrien. Un simple accident mais qui prouve que depuis le début de l’ère glaciaire une gigantesque machination existe. Un complot contre l’humanité du Chaud pour que le froid persiste et permette à certains d’exercer leurs pouvoirs totalitaires.

Le Kid faillit lui dire que depuis des années il savait ces choses-là. Pas dans le détail, mais le conseil oligarchique des P.-D.G. des grandes Compagnies lui avait révélé que la société ferroviaire ne survivait que grâce à certains grands secrets qu’il fallait défendre avec acharnement. Il avait seulement compris que les surveillants de ce système n’étaient autres que les Aiguilleurs, et qu’ils utilisaient des techniques ignorées des scientifiques terriens.

— Je croyais que ce Charlster était un charlatan. Du moins Liensun semblait le penser, non ?

— Il est surtout prétentieux, mais il est aussi génial.

— Combien nous accorde-t-il de temps ?

— Il estime que d’ici quatre à cinq jours désormais la lucarne laissera filtrer le premier rayon de Soleil. Et que dans un mois il sera totalement impossible de rouler sur les réseaux banquisiens, ceux-ci s’enfonceront dans la glace fondante.

— Donc il faut que d’ici quinze jours toute la population de la banquise soit évacuée.

— Oui. Pour l’instant il ne semble pas que celles de la Dépression Indienne ni du nord de l’Australasienne soient menacées, mais les gens voudront quand même fuir vers les inlandsis.

— Toi, que vas-tu faire ?

— Descendre vers l’Antarctique avec les tribus. Et toi ?

— Moi, j’ai mon fidèle Titan, et son socle est assez solide et étendu pour permettre à des milliers de personnes d’y trouver refuge. Je sais que nous serons comme sur une île, mais avec le réchauffement des eaux les poissons, les phoques afflueront. Il faut que je réfléchisse à un plan d’évacuation totale qui évite le renouvellement des grands désordres récents. Ce fut une sorte de répétition ratée. Cette fois il ne s’agit pas de manquer le premier acte de la pièce.

Lorsqu’il en eut terminé il alla regarder par le hublot de son train présidentiel et crut effectivement apercevoir une tache plus claire au nord-est.

 

L'aube cruelle d'un temps nouveau
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